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Fleurs de marais
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27 novembre 2008

Au théâtre ce soir : Mirad, un garçon de Bosnie

de Ad de Bont par la Cie la nuit venue

17h15. Vous recevez un courriel de votre JP à vous : Oh malheur, je ne capte plus France 2 et j'ai un pot entre collègues ! Damned je vais rater Clara... !!! Merde ! Clara Sheller !!! Vous l'aviez complètement oubliée celle-là quand vous avez accepté l'invitation d'un ami pour aller voir ce mercredi soir Mirad, un garçon de Bosnie. 'tain ! Clara quoi !

Un rapide coup d'œil au résumé de l'histoire vous promet une soirée pas des plus roses... Un adolescent, une guerre, un viol, des morts, des réfugiés, l'histoire d'une famille éclatée et meurtrie, en somme les blessures d'un pays. Ca, pour vous changer des petits tracas de la frivole Clara, pour sûr, changer ça va !

Vous suivez avec attention mais avec détachement cette histoire tant de fois relatée. Cette fois-ci, elle se passe en Bosnie. Mais, elle aurait tout à fait pu se situer au Rwanda, en Somalie, en Corée ou encore en Afghanistan. Les médias vous en rabattent tellement les oreilles que vous entendez bien sûr mais vous n'écoutez plus... jusqu'au moment où l'oncle et la tante de Mirad, réfugiés en France, entrent en scène. En s'excusant. En s'excusant de nous raconter leur histoire. En s'excusant surtout de côtoyer notre quotidien, nos amis et nos voisins. Hein ??? Vous commencez alors seulement à sortir de votre torpeur. La lettre de Mirad finit complètement de vous réveiller lorsque vous comprenez enfin que vous n'avez justement rien compris et que vous ne comprendrez jamais complètement. Car non, vous n'avez jamais connu leur enfer. Car oui, tout ça dépasse l'entendement et votre imagination la plus fertile. Alors oui, vous faites partie de ces millions de privilégiés qui regardent les acteurs avec des yeux remplis de compassion le temps de leur récit et qui rient aux éclats 2 minutes plus tard à la vanne débile du comique de la soirée ayant déjà mis de côté le désarroi de ces pauvres âmes torturées... Vous le savez. Ils le savent. Nous le savons tous. Mais l'entendre par le récit d'un môme de 14 ans ça vous fait un électrochoc... Sensation très désagréable de malaise...

Cette pièce est dérangeante. Certes. Dérangeante et tellement nécessaire. Nécessaire pour que nous autres privilégiés nous rendions enfin compte de la chance que nous avons de vivre dans un pays stable politiquement et religieusement parlant. Nécessaire pour que se perpétue la mémoire de ces personnes sacrifiées pour des causes abominables et inconcevables. Nécessaire pour qu'enfin un jour, nous n'ayons plus jamais à dire plus jamais ça...

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