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Fleurs de marais
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11 janvier 2015

SANG NOIR, la catastrophe de Courrières

de Jean-Luc Loyer

Pas simple de reprendre le clavier après les évènements de ces derniers jours. Il le faut pourtant. Je juge important, plus qu'avant, de partager comme je l'ai dit dans mon précédent billet même si la flemme voudrait prendre le dessus et si la motivation est proche de l'univers des vers de terre. J'ai le droit de dire et d'écrire ce que je pense, ressens. Ce droit, je me dois de me le rappeler et de le taper sur l'écran blanc, curseur clignotant. Sinon, à quoi ça sert d'avoir ouvert ce blog ? (souffle)

Sang noir, la catastrophe de Courrières, donc.

La catastrophe de Courrières remonte au début du siècle dernier. En 1906, là-haut chez les ch'tis. La France n'a pas encore le nucléaire et fait tourner les mines de charbon à fond les ballons. Alors la main d'oeuvre locale vient à manquer et les entreprises minières recrutent des gens en dehors du pays. Les conditions d'accueil sont limites et la sécurité de chacun passe en deuxième position. En première ? L'extraction, la production, le capitalisme. Les syndicats n'y peuvent déjà pas grand chose... On tire toujours un peu plus, tous les jours sur la ficelle qui finit par casser. Bilan : des centaines de morts, hommes, jeunes garçons et chevaux. Certains rescapés sont restés coincés plus de vingt jours dans cet enfer de gaz, de morts, de bouillie humaine et de faim. Les politiques s'en sont mêlés. Les mineurs se sont révoltés. Les forces de l'ordre et l'armée ont fait bloc. La population a été contenue. Et la vie des mines a repris. Mais pas tout à fait comme avant. C'est cette histoire dramatique quasi inconnue d'un bon nombre aujourd'hui, à part peut-être des locaux qui se racontent l'histoire comme se racontent les légendes, que nous met en scène Jean-Luc Loyer. Sa BD est construite comme un documentaire, très détaillée avec, outre les vignettes, des extraits de journaux, des discours politiques et la liste des victimes. Ceci dit, le dessinateur joue son rôle de  journaliste jusqu'au bout en occultant tous signes d'émotion autres que la colère, l'incompréhension et l'étonnement. Les yeux sont volontairement représentés soit par une fente, soit par un point noir, soit par une tâche noire. Au lecteur d'imaginer s'il le veut... Une sorte de "secret d'histoire" version BD qui est une alternative à Germinal de Zola pour appréhender le milieu minier au début du XXème siècle. Un parti pris et une bonne idée pour inviter les réfractaires aux pavés littéraires à s'intéresser à une forme de lecture sur le sujet.

2015_01_11

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