Festival photos édition 2013 ~ La Gacilly

23 août 2013

Festival photos édition 2013 ~ La Gacilly

Il était une commune, en Bretagne sud, qui a parié, il y a dix ans, sur un projet fou fou fou : exposer aux intempéries, sur les murs et dans les rues piétonnes, des clichés allant jusqu'au format XXL de photographes professionnels internationaux. La première édition fut concluante. La deuxième aussi. Tout comme la troisième et la quatrième voyant même sa renommée grossir et le festival grandir pour devenir le plus grand festival de photos de France totalement en extérieur. Le rythme était lancé et le rendez-vous avec le public pris. La Gacilly est aujourd'hui reconnue pour autre chose que les cosmétiques Yves Rocher... Plus de deux millions de visiteurs pour deux cents exposants tout de même. Et ça, c'est bien. Tellement bien que j'ai attendu le dixième anniversaire pour me décider à aller y jeter un oeil.

15h30. Oh ! j'en ai pour une grosse heure ai-je pensé bêtement. Bêtement, c'est ça... ! Car il faut au bas mot trois bonnes heures pour faire le tour de tous ces univers proposés par des artistes plus ou moins connus (moins que plus en ce qui me concerne) sur le thème des peuples et de la nature en suivant un parcours de treize spots qui titille à peu près tous les sens. Rue Saint-Vincent, les odeurs de la savonnerie le chaudron magique chatouillent les narines alors que vous découvrez des clichés choisis dans le magazine Life comme celui du mariage de Jackie et John Kennedy ou celui de Peter Stackpole immortalisant le montage d'un pont par des ouvriers de l'extrême. Vous vous laissez ensuite guider par l'odeur des écorces de pin sur un chemin au milieu des jardins des artisans qui vous conduit dans une cour d'école où s'offre à votre vue un beau résumé des dix dernières années. Même topo côté de l'Aff, la rivière qui interpelle un troisième sens : l'ouie. Les montages colorés confectionnés par les enfants des écoles primaires communales tournent, sifflent dans la légère brise aux abords de la rivière. Derrière, les rétrospectives de l'après-guerre. Devant, le chemin des libellules qui vous invitent d'une part à observer votre environnement et d'autre part à découvrir des espaces où se cotoyent des portraits de Claudia Chiffer ou Diane Kruger pour Vogue Allemagne par Karl Lagerfield et des citrouilles bien gourmandes. Le goût ? Ca y ressemble mais vous ne pouvez pas (encore) y planter vos dents ! On laisse le surprenant travaille de Olaf Otto Becker sur le Groenland dans le jardin des quatre éléments pour passer la passerelle et se laisser transporter dans un voyage autour du monde. L'Afghanistan au travers l'objectif de Sabrina et Roland Michaud où les rues désertées et ensablées contrastent avec le vert des feuillages des arbres abritant des cabanes. L'Arctique expliquée de façon pédagogique par Florian Schulz qui a suivi une famille ours sur quatre saisons. Au milieu de cet espace dédié aux glaciers et aux ours polaire, des transats vous attendent pour jouir de la beauté de cette nature menacée comme peuvent le faire ceux posés sur un pont de paquebot. Tout au bout, le labyrinthe végétal vous invite à vous perdre au milieu des lauriers sauce, pommiers, lierres, osiers, bouleaux, etc. qui abritent sous leurs branches les plus beaux déserts de la planète : quart vide des Emirats Arabes Unis, quart vide Yemen, fachi Niger, dépression d'Afar Ethiopie...

Comme vous l'aurez compris, tout est fait et étudié pour que l'oeuvre soit non seulement mise en valeur mais qu'elle interpelle hors contexte. Ne faites pas comme moi, n'attendez pas dix ans pour vous décider à aller admirer cette exposition hors norme. Mais faites vite pour cette année, il ne vous reste plus qu'un mois pour en profiter !