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Fleurs de marais
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4 février 2013

Au théâtre ce soir : Tartuffe


2013_02_04

(...) vous êtes un sot en trois lettres, mon fils (...), (...) cachez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées et cela fait venir de sombres pensées (...), (...) non, vous seriez ma foi, Tartuffié ! (...)
: répliques en alexandrins vieilles de 349 ans et pourtant si connues, jouées, re-jouées et re-re-jouées. Et bien elles ont encore fait l'objet d'une énième adaptation par Monique Hervouët sur la scène du Théâtre.

Bien calée, au cinquième rang orchestre, dans un fauteuil rouge vermillon du tout nouveau théâtre de la ville, vous attendez que les lumières se tamisent petit à petit pour laisser place au feu des projecteurs braqués sur une scène relativement démunie, à l'exception de paravents tendus de voiles noirs. Dans l'embrasure de l'un d'eux, un lampadaire à frange est allumé. Des invités en tenue de soirée papotent, sirotent, gloussent, minaudent. Quinze secondes. Et pfuiiiiit, décampent comme une envolée de moineaux. Le lampadaire aussi. Arrive alors d'un pas pressé, une femme d'un certain âge, assez hautaine, lèvres pincées, très BCBG dans sa veste matelassée burberry et son carré stricte relevé en queue de cheval, suivie d'une femme qu'on devine soumise et effacée tirant une valise sur roulettes derrière elle. Accourent à sa suite les fêtards de tout à l'heure. Le spectateur comprend alors qu'il assiste à la présentation des antagonistes à l'exception de Orgon, le maître des lieux, et de Tartuffe le dévot trop pieux pour être honnête. Et cette présentation n'est pas de trop, bien que prévue dans le scénario d'origine, car la lecture que j'en ai faite remonte quand même au collège... On a beau se souvenir qu'il s'agit de démontrer le ridicule des grenouilles de bénitier incarnées par le personnage d'Orgon et leur hypocrisie par celui de Tartuffe, une petite mise en place ne fait pas de mal. Ce que font à merveille les acteurs de la compagnie buffet d'avril. Les rôles sont remarquablement distribués et joués (à 2 personnages près...mais étant secondaires, ils ne gâchent pas le plaisir de l'ensemble), laissant les exagérations de pro-non-ti-a-ti-on à Luchini. Et c'est très bien ainsi ! Les alexandrins s'enchaînent et se digèrent comme une conversation du septième art, sans chichis et fanfreluches, dramatiquement contemporaine. C'est dramatique, oui. Car si, on l'a compris, au XVIIème siècle ce camouflet était destiné aux puritains catholiques , il peut, hélas, être transposé aujourd'hui sans en changer une ligne à notre monde actuel. Il suffit juste de remplacer la religion d'origine incriminée par une autre plus polémique à notre époque pour nous rendre compte que les dérives d'un autre temps sont toujours d'actualité : les mariages forcés, le fanatisme, la manipulation des esprits plus faibles, le rejet de l'émancipation de la femme,... Décidément, n'apprendrons-nous jamais rien des leçons du passé ?

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Commentaires
M
Tout à fait d'accord ! Merci de ton passage et à bientôt alors :)
D
Un pièce intemporelle qui pourrait s'adapeter à n'importe quelle religion. Je l'ai joué quand je faisais du théâtre, la richesse du texte (comme tout ceux de Molière) permet une grande richesse et diversité de mise en scène. <br /> <br /> Très sympa ton blog, beaucoup de sujets qui me plaisent. Je reviendrai.
E
une version qui je pense m'aurait plue!<br /> <br /> N'hésites pas à t'inscrire au challenge théâtre, avec ce billet tu es déjà à 1/3 de la première catégorie!<br /> <br /> Bonne soirée!
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