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Fleurs de marais
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10 avril 2010

Liberté

de Tony Gatlif

1943. Quelques roulottes tziganes traversent les bois afin de rejoindre un petit village français pour s'y installer le temps des vendanges et reprendre ensuite la route au son des violons et des rires des enfants comme à l'accoutumé. Pas vraiment. Théodore, le maire du village, leur apprend que le nomadisme est interdit en France depuis peu les mettant ainsi en position de hors la loi à moins qu'ils ne concèdent à se sédentariser pour leur sécurité.

Des films, documentaires, livres sur les génocides durant la deuxième guerre mondiale, il y en a à foison. Ceux relatant les faits concernant particulièrement les Roms se font plus rares. Quelle en est la cause ? Leur renommée ? Leur discrétion ? Leur indépendance vis-à-vis des lois ? L'indifférence des gadjos ? La méconnaissance de leur histoire ? Rien de tout cela peut-être ou un cocktail savant d'un peu de tout certainement. Cette guerre n'est pas la leur. Et pourtant... Quoi qu'il en soit, le film de Tony Gatlif n'apportera nullement une réponse à toutes ces questions mais entrouvre la porte sur un peuple ignoré dont les souffrances endurées pendant la sale guerre sont tout autant poignantes que celles des autres peuples persécutées par les nazis. Pourtant, malgré le tragique de la situation, le spectateur arbore un sourire de tendresse tout au long de la séance. Non pas qu'il s'agisse d'un film sentimental. Loin de là. Mais le réalisateur a choisi de traiter son sujet avec légèreté, pudeur et poésie, mêlant couleurs et émotions à l'image des protagonistes. Suggérer et non imposer. Il semble alors naturel au spectateur de s'attacher au fantasque Taloche trentenaire rêveur et espiègle merveilleusement interprété par James Thiérée, de comprendre les envies du jeune Claude de quitter le monde étriqué des gadjos pour suivre une troupe joviale où les enfants sont rois et les règles sont bannies, d'avoir un élan de sympathie envers ce jeune maire dont la largesse d'esprit n'a d'égal que sa grande générosité, de s'incliner face au courage de Melle Lundy, l'institutrice, et de son engagement. La liste peut être longue puisque chaque personnage ne laisse indifférent. Jusqu'à l'interprétation du générique de fin où Catherine Ringer crache d'une voix vibrante le désabusement d'une communauté laissée de côté dont les paroles contrastent avec la joyeuseté des sons sortant des violons et des banjos l'accompagnant. ♪ (...) Si quelqu'un s'inquiète de notre absence, dites lui, qu'on a été jeté du ciel et de la lumière, nous les seigneurs du vaste univers (...) ♫♪ (1)

(1) : Les bohémiens, BO du film Liberté

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Commentaires
M
@Louisemiches : Je trouve dommage qu'il soit passé inaperçu à sa sortie lorsque l'on voit le tapage médiatique autour de "La rafle"... Pour ma part, j'ai vu la BA en salle sinon je serais très certainement passée complètement à côté !<br /> Un autre film sur le même thème que j'ai beaucoup aimé pour sa poésie et au ton tout aussi léger (version yiddish) : "Train de vie" de Radu Mihaileanu.
L
Je suis bien d'accord ! <br /> Il faut soutenir ce film, d'abord pour le thème traité : ça fait plus de cinquante ans aujourd'hui, et pourtant la persécution des 'gens du voyage' pendant la Seconde guerre mondiale a toujours du mal à se voir attribuer la place qui lui revient et dans l'Histoire, et dans la mémoire. <br /> Ensuite, pour le ton très pudique et tendre que le film emploie, comme tu le soulignes. <br /> <br /> Paradoxalement, ce ton, en étant volontairement modeste, est aussi ce qui fait la faiblesse du film (mais ce n'est que mon avis) : il manque de souffle, d'envergure, d'émotion, etc. <br /> Mais en dépit de cela, j'ai passé un excellent moment au cinéma, et la chanson de fin est effectivement magnifique (impossible de décoller du fauteuil...)<br /> Merci d'avoir parlé de ce film !
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