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Fleurs de marais
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27 juin 2008

La groupie du pianiste

"...
Dans la douleur et la démangeaison -
La main se faisait plus rapide,
Ne suivait plus la partition -
Et n'avait plus aucun guide
Mais dans la salle on applaudissait -
Sans deviner que c'était
Grâce à une puce énervée -
Que le jazz était né." (1)

D'aussi loin que votre mémoire puisse remonter, vous avez toujours aimé entendre les mélodies sorties d'un piano. Votre mère, passionnée de musique, avait bien enregistré l'information. Cool ! Mais, vous entraînant dans un grand désarroi, c'est vers le piano... à bretelle que son choix s'orienta. Pas cool ! Du haut de vos 6 ans, vous vous imaginiez déjà, non pas en haut de l'affiche mais juchée sur une chaise animant les longs repas de famille de tante Hortense. Vous traumatisant pour les 25 ans à venir ! Arrrrrrrrrrgh ! Rikita a beau avoir un cœur de java mais elle aura toujours du mal à concurrencer avec  le Mistral gagnant. Pourtant, Richard Clayderman et Yvette Orner, c'est quif quif bourricot, nan ? questionne le lectorat jamais à court d'argument. Peut-être sont-ils égaux dans la ringardise répondez-vous, mais... Mais dites-vous, si au premier nous rafraîchissons la mèche, ôtons le noeud papillon et lui collons une partition de Bryan Adams sous le nez, il devient beaucoup plus sexy nan ? Par contre, nous aurons beau virer la jupe patriotique de la deuxième, cisailler les bouclettes rouges et remplacer (tous en coeur) aaaaaah le petit vin blaaaanc (allez !!! tous en cœur !) par n'importe quelle partition, l'instrument restera associé au Gilou qui vient boire un p'tit coup. Hips ! Poc !

Le lectorat l'aura bien compris, point de bretelle pour vous. Ce sera sur pied ou rien du tout. Bah rien du tout alors... ! Ouiiiiiiiiiiin !!! vous avez entonné mais d'écouter bouche bée les sons extirpés par les doigts agiles de vos petites copines de collège et de lycée vous avez du vous contenter. Jusqu'au jour où, grâce à votre toute nouvelle indépendance financière, vous avez enfin pu à votre tour connaître les joies des triolets de croche, des doigts engourdis et des poignets douloureux. Votre mère ne se sent plus... Pluuuus... Pluuuus... Bref, elle s'empresse de clamer à qui veut l'entendre au sein de la cellule familiale qu'elle a mis au monde la réincarnation de Mozart version œstrogénique. Vous n'avez donc nullement échappé au passage d'audition devant les membres de la famille réunis à l'occasion d'un commun repas orchestré par tante Hortense. Autant vous monter à l'échafaud tout de suite. Traumatisée de jouer en public vous êtes. Traumatisée à vie vous resterez... Doigts paralysés, vision voilée, cerveau déconnecté. Il vous est im-pos-si-ble de frapper la moindre touche. Viens alors LA question anodine de votre tante préférée : depuis combien d'années prends-tu des cours déjà ? Anéantie, vous avez laissé votre place à votre cousin attendant sagement que son tour vienne. C'est le plus naturellement du monde qu'il sort son accordéon diatonique et dès les premières notes jouées vous transporte, vous et la tablée, dans son monde fait de tourbe, de lacs embrumés et de légendes. Dans les lochs il vous a envoyé lui han ! 'nervant c'ui là han !!!

Vous avez bien entendu dû réviser votre jugement mais vous campez sur vos positions concernant le type d'accordéon. Le diatonique : oui, le chromatique : nan ! Faut pas déconner non plus ! Oh ! Votre cousin a beau faire le kéké avec sa version de Entre terre et mer (ce n'est pas lui mais c'est pour donné une idée) mais comme le dit si bien Cindy Sander : Céline Dion, c'est Céline Dion et Cindy c'est Cindy. Point final.

(1) : extrait de La puce et le pianiste d'Yves Duteil.

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