La belle endormie

de Marco Bellocchio

En 2008, l'Italie se déchire pour un fait de société : l'euthanasie d'Eluana Englaro, jeune femme maintenue en vie grâce aux assistances en tout genre depuis 17 ans, suite à un accident de voiture. La population s'empare de l'affaire et se divise sur le sujet suite au projet de loi visant l'interdiction de la pratique. Les sénateurs ont les cartes entre leurs mains. A eux d'enfoncer le dernier clou des principes chers à l'Eglise ou de larguer les amarres vers les avancées sociologiques.

L'affaire n'est pas sans avoir quelques échos avec les récentes échauffourées françaises. Toute évolution de société ne se fait pas dans la simplicité et le sourire aux lèvres. Quelque soit la vision des choses de chacun, elle doit cependant être respectée et écoutée, personne n'ayant le même vécu et la même sensibilité. C'est ce parti pris qu'à décider de suivre le réalisateur. Marco Bellocchio ne donne nullement son opinion mais filme trois cas particuliers dont le seul liant est leur rapport avec la mort. On y retrouve la religion qui peut être un refuge réconfortant et l'amour de l'autre en support inestimable. Il se met tellement en retrait par rapport à son sujet qu'il en ressort une froideur presque glaçante. Le générique de fin en bout de course laisse le spectateur perplexe face à ce chaos social. Là encore, l'echo du dernier débat de société français n'est pas très loin et impose au spectateur l'image archaïque désastreuse que les acteurs fournissent à toute l'Europe. Vient alors la question philosophique pour les futurs bacheliers : la majorité a-t-elle raison ? à laquelle on peut tout de suite conclure : Il est souhaitable que oui...