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Fleurs de marais
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19 mai 2013

Carnet madérien #3

Les levadas, ces irrigations à ciel ouvert creusées au marteau et au burin à même la roche, sont le centre névralgique de Madère. Pour bien comprendre l'île, il faut encore une fois se référer à son passé volcanique. Toute cette eau qui coure le long des flans des falaises, au doux bruit apaisant, provient de ces immenses cheminées de basalte formées lors des irruptions, il y des millions d'année, et qui font office de châteaux d'eau naturels aujourd'hui.

A la question : qui les a creusées ?, la réponse reste floue. Autochtones, forçats, esclaves, portugais ? Vous devinez plus ou moins la réponse... Quoi qu'il en soit, ce n'est pas moins de deux cent kilomètres de fosses d'une cinquantaine de centimètre de profondeur où circule une eau courante pure et sans calcaire qui parcourent tout le territoire en passant, quand nécessaire, à travers des tunnels également creusés à même la montagne. Cette eau alimente toutes les parcelles de terre, les habitations, les hôtels et les fontaines publiques. La distribution donne lieu à un droit à l'eau. C'est-à-dire que tout à chacun a sa déviation sur une des levadas principales. Tous les jours, à une heure donnée pour un temps donné, à chacun d'enlever la pierre, le bout de chiffon, l'ardoise ou la guillotine qui bouche sa dérivation pour que l'eau aille remplir son réservoir d'alimention domestique, irrigue son jardinet qui est, rappelons le, en terrasse, etc. Autant dire que cette technique n'est pas sans poser quelques problèmes pour le touriste de base. Pause technique - Un réservoir d'eau n'a rien à voir avec une canalisation sous pression. Ici, l'eau n'a que la hauteur entre le fond du réservoir et le haut de la pomme de douche pour prendre de la vitesse afin de donner un semblant de débit lors de la douche. Ce qui n'est pas sans poser quelques tout petits problèmes de mécontentement dans les hôtels...  - Fin de la pause technique. Mais revenons aux lévadas. Le sujet est beaucoup plus intéressant ^^

Les gestes de leur entretien est millénaire. Tout comme pour les cultures, l'aide d'engins motorisés est inenvisageable à cause de l'impossibilité de les transporter sur les sentiers jusqu'au lieu de maintenance. Les ouvriers coupent alors les branches envahissantes à la serpe, curent les fosses souillées par les crues hivernales à la pelle et nettoient les abords à la faucille. A la vue des monticules de déchets verts accumulés sur les bords des sentiers, vous ne doutez pas qu'ils ne manquent nullement de travail ! Ceci dit, tous leurs efforts sont récompensés car ces précieuses levadas sont répertoriées au patrimoine mondial de l'UNESCO. Comme elles courent absolument partout, elles traversent même les parcs naturels nationaux comme celui de Queimadas qui renferme les plus beaux spécimens de lauriers originels de l'île. L'ambiance y est reposante et enchanteresse, propice au développement d'une flore exubérante. Mais laissons les fleurs de côté et promenons-nous le long de ces fameuses levadas.

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