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Fleurs de marais
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18 mai 2013

Carnet madérien #2

2013_05_18a
Quand on prend conscience que Madère n'est, finalement, qu'une montagne trèèèèèèès escarpée, on finit par se demander si Sissi, qui, rappelons le, était face à son destin, nous aurait pas pipeauté avec ses longues balades sur les chemins du jardin de l'Atlantique... Nan parce que, quand on voit la largeur des sentiers à fleur de montagne et qu'on se remémore la circonférence de ses crinolines, on ne les imagine pas très compatibles avec l'hostilité des lieux... Le doute vous assaille, car si vous en êtes là aujourd'hui, à marcher sur ses pas, c'est bien parce qu'elle vous a fait rêver, petite fille, avec sa grande robe dégrafée sur son belvédère avec les rives de l'île sous ses pieds.

Après investigation sur ce vrai sujet, vous apprenez qu'à cette époque, où l'île est fréquentée par le gratin des cours d'Europe, ces messieurs dames se promenaient dans des hamacs suspendus à de gros rondins de bois, le tout porté par les autochtones. Vous imaginez la pénibilité des déplacements avec de tels chargements... Déjà qu'avec un sac de quinze litres sur le dos vous en bavez, alors avec une impératrice... ! Heureusement que le progrès est passé par là, hein ? Oui. Mais non... car il faut savoir qu'il y a encore une toute petite quarantaine d'année la plupart des sentiers arpentés aujourd'hui par ces centaines de touristes avides de grands espaces et d'air pur étaient utilisés pour se déplacer et acheminer les vivres. Bien sûr, l'Europe est passée par là avec ses subventions et ses bulldozers, perçant la montagne et l'aménageant afin que les automobilistes puissent faire rugir leurs chevaux DIN sur le bitume remplaçant des pavés d'antan. On pousse un aaah de soulagement en se disant que leur vie est quand même plus douce maintenant. Sauf que... votre guide vous apprend que tout ça, c'est de la poudre aux yeux. Que les voitures sont belles et neuves mais qu'elles restent garées devant la maison par manque de moyen d'y mettre du carburant (seulement cinq euros par mois en moyenne dans le réservoir). Et que ces belles maisons en façade sont vides à l'intérieur et accueillent plusieurs générations sous leur toit. L'Europe leur a apporté le progrès, certes, mais aussi l'augmentation du coût de la vie, eux qui étaient déjà étranglés par le régime en place. Ils sont résignés et habitués à courber l'échine devant ce petit pourcent qui détient toute la richesse de leur île. Alors ils la saccagent, détruisant par la même un patrimoine inestimable. Les incendies déclarés sont à 95% criminels... Des versants entiers de lauriers et de bruyères arbustives calcinés, vieux de plus de quatre cent ans vous offrent un spectacle désolant digne d'un film de Tim Burton et font place nette pour les mimosas et eucalyptus. On pourrait se réjouir que la nature renaisse de ses cendres sauf, qu'encore une fois, le remède est aussi mauvais que le mal. Ces deux essences sont des parasites. Là où ils se trouvent, plus rien d'autre ne pousse...

A côté de tout cela, les cultures en terrasse reprennent du service en conséquence de tout ce qui vient d'étre évoqué. La pénibilité du travail manuel, puisqu'aucun engin mécanique ne peut venir en aide au jardinier, est bien récompensée. Pommes de terre, tomates, poireaux, bananes, papayes, canne à sucre, etc donnent plusieurs récoltes par an. Les parcelles sont si petites qu'elles sont optimisées un maximum. Il n'est par rare de voir des vignes, aménagées en treille, abriter des plants de poireau et de salade qui cohabitent très bien eux aussi avec des bananiers et des choux. Le tout donne un air très bucolique ! Vient alors le faux problème de l'eau... mais ce sera pour le prochain billet ;)

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Commentaires
L
Un billet très intéressant car je n'avais pas cette vision là de l'île...
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