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Fleurs de marais
Fleurs de marais
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20 mars 2011

C'était un 19 mars...

Alors que vous traversez le bled pour aller acheter carottes et choux blanc, voilà que vous vous retrouvez bloquée par les ♪ poum papoum tsoin tsoin ♫♪ de la batterie fanfare du coin défilant au pas, raide comme la justice, tout de rouge vêtue. Vous hésitez entre ronchonner et pouffer face au ridicule du défilé. Immanquablement vous repensez à Josiane Balasko en majorette dans l'excellent film Nuit d'ivresse. Alors que vous optez pour la deuxième solution, votre sourire s'efface lorsque vous apercevez la suite du cortège : une gerbe de fleurs portée et suivie d'une petite vingtaine d'hommes pratiquement octogénaires. Ce 19 mars, 49 ans jours pour jours plus tard, ils commémorent la fin de leur calvaire et pleurent encore sur les souvenirs de leurs camarades morts pour la nation...

Novembre 1954 - A quai du port de Marseille est accosté le Kairouan attendant sa cargaison fraîche d'appelés débarquant pour la plupart de leur campagne natale avec leur jeunesse, leur candeur et leur naïveté. Vietnam ? Algérie ? Leur sort est scellé lorsqu'ils reçoivent le change de leur solde en franc africain... Les amarres larguées, le navire les transporte vers ce département français d'outre méditerranée, simple point géographique de leur mémoire d'anciens écoliers. Ne sachant pas trop à quoi s'attendre, autant passer ces quelques heures qui les séparent de la terre ferme maghrébine à jouer, chanter et picoler. Non ? Pour se rassurer, peut-être. Ou par inconscience, qui sait ? La mer se forme malmenant ses hôtes enivrés, sombres prémices de l'accueil qui leur sera réservé de l'autre côté...

Alger, Relizane, Sidi Bouani - les tours de garde se suivent et se ressemblent. Veiller, somnoler, manger. Manger, oui. Manger ces rations alimentaires contenant autant de peinture que de viande. Surveiller, garder, dormir. Dormir, certes. Dormir que d'un oeil, le fusil en guise d'oreiller. Arme postiche espérée dissuasive et impressionnante puisque vierge de munitions... - Nouvion, Moustaganem, Keenchela - les marches s'enchaînent et émoussent les nerfs déjà bien à vif - Tebessa, Guentis, Cheria -  Avancer, ne plus penser, marcher. La peur au ventre, toujours, de ne pas voir la fin de cet enfer et de crever pour un combat qui n'est pas le leur au gré des embuscades . Sidi Ouzou, Tiaret, Alger.

Mai 1956 - Elle, celle qui a compris ses doutes, lu ses peurs et tremblé tout au long de son parcours, est là, sur ce quai de gare, nerveuse et à la fois soulagée. Bientôt, il sera là son bien aimé. Epargné... Vraiment ? Le regard doux émanant de ces grands yeux verts de ses souvenirs, a laissé place 18 mois plus tard, à une dureté presque effrayante accompagnée d'une méfiance maladive, le laissant sans repos. Le qui-vive semble devenu son seul compagnon... Que t-est-il arrivé, à toi, jeune appelé parmi tant d'autres n'ayant rien demandé ? Alors, non, vous n'avez aucunement envie de pouffer... surtout lorsque l'actualité vous rappelle qu'après 50 ans, rien n'a changé.

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