La tête en friche

de Jean Becker

Germain, 45 ans, enfant naturel non désiré d'une fille mère qui le lui fait sentir depuis qu'il est en âge de le comprendre, vit au milieu des moqueries et des quolibets. Non pas du fait qu'il soit issu d'une famille mono parentale mais que son cerveau a du mal à faire la mise au point. Habitué donc à être le centre des railleries de son cercle de copains de bistrot et des méchancetés de sa mère, il est loin d'imaginer que la vie et le savoir peuvent apporter de jolies choses propices au voyage. Sa rencontre sur le banc d'un parc avec Margueritte (avec deux T car son pauvre père était un petit peu illettré), vieille dame cultivée va lui ouvrir les portes de son jardin et lui donner envie de défricher sa pauvre tête afin de goûter, lui aussi, aux fruits juteux de la littérature.

C'est encore une jolie histoire que nous conte là Jean Becker. Un morceau de vie de nos campagnes, chères au réalisateur. Une rencontre improbable entre deux personnes que tout oppose mais que la solitude rapproche. Lui, bêta de son état mais loin d'être idiot. Elle, ancienne scientifique à la retraite mais loin d'être condescendante. Une histoire simple mais non simpliste emportée par deux comédiens au jeu juste et léger comme une brise d'été. Gérard Depardieu excelle dans le genre oubliant le temps du film d'en faire des tonnes tout en étant entier et émouvant à la hauteur de son personnage avec un cœur grand comme ça. Quant à Gisèle Casadesus, c'est un véritable bonheur de la retrouver, elle, sa fragilité et sa diction si parfaite au son de sa voix si particulière.  Nous retrouvons presque notre grand-mère avec son regard plein de tendresse sur sa vie passée et son petit sourire en coin indéchiffrable mais qui donne du baume au cœur. La séance terminée, le spectateur n'en sort pas grandi mais la tête fleurie de ces petites fleurs des champs où se mélangent marguerites et coquelicots, pâquerettes et boutons d'or. Manque plus que le chant des criquets au tableau champêtre !